Le traité de Bra’hot rapporte un enseignement au nom de Rabbi Akiva qui dit qu’un Homme doit s’habituer à dire tout le temps, « tout ce que le ciel me fait est du bien ». Cela revient à dire, en d’autres termes, que nous devons nous répéter, que tout ce qui nous arrive provient du ciel, le mal comme le bien et, que ça n’est que du bien, même si ça a une apparence de mal. Mais, nous remarquons que pour intégrer cela, Rabbi Akiva nous demande de rabâcher cette idée.

Si nous reprenons l’introduction que nous avons faite au départ, qui disait que nous devons absolument éduquer notre Lev, la répétition de cette vérité va agir sur notre Lev, sur notre inconscient, afin de le modifier.

C’est d’ailleurs quelque chose de connu, ressasser à son enfant qu’il n’est pas capable, lui faire sans cesse des reproches installera en lui, donc dans son cœur, l’idée qu’il n’est pas compétent, ou bien le sentiment de toujours mal agir. Ce qui détruira sa « confiance en soi » qui est vitale pour tout être humain. Ici encore, il ne s’agit pas de raisonnements, mais de répéter une même idée, à travers une phrase courte qui va agir comme un message subliminal en nous.
A la suite de l’enseignement, le Talmud rapporte un épisode de la vie de Rabbi Akiva. Alors qu’il était en voyage, il arriva dans un village en pensant pouvoir trouver le gîte pour la nuit. Il avait avec lui un coq, un âne, et une bougie.

Malheureusement, il ne trouva personne pour l’accueillir

et fut contraint de s’installer dans un champ voisin pour la nuit. Il dit alors : « tout ce que le ciel me fait est du bien ». Pendant la nuit, un lion surgit et tua l’âne, un peu plus tard, un chat arriva et mangea le coq, et ensuite, le vent se leva et éteint la bougie qui éclairait Rabbi Akiva.

Malgré la tristesse qu’il aurait pu ressentir, cette fois encore, il déclara : « tout ce que le ciel me fait est du bien ». Au matin, il retourna dans le village et se rendit compte avec effroi que tous les villageois avaient été emportés par une armée, il déclara alors : « c’est ce que nous avons l’habitude de dire : tout ce que le ciel me fait est du bien ».

 

On peut remarquer que Rabbi Akiva s’est répété plusieurs fois cet enseignement, mais qu’il a eu besoin de conforter cette connaissance lorsqu’elle s’est vérifiée.

De là, nous pouvons apprendre que quand nous nous suggérons quelque chose, comme d’intégrer qu’une difficulté est en réalité du bien, il est nécessaire à nouveau appuyer cette croyance, au moment où cela se vérifie.

C’est ce que nous voyons également pour Hillel qui a trouvé utile de déclarer : je suis persuadé que ce malheur n’est pas dans ma maison. Notre confiance ne doit pas rester dans notre cœur, mais il faut l’exprimer.
Le Ben Ish‘Haï [i]  pose lui aussi la question et donne une réponse troublante. Lorsque nous associons notre certitude à l’affirmation que : « tout ce qui vient du ciel est du bien », prononcer ces paroles positives, a la faculté de modifier un décret divin. Et c’est ce que Rabbi Akiva voulait nous faire comprendre. C’est comme s’il disait :

« C’est parce que j’ai répété que « tout ce qui vient du ciel est du bien » que ça s’est transformé en bien ».

Cela revient à formuler premièrement que par notre conviction et notre déclaration, nous pouvons influer sur le mal et, que nous ne devons pas forcément accepter que le mal reste du mal, même si c’est comme cela maintenant.
Le Maharal Zal corrobore cette idée en concluant l’histoire en disant : « lorsque Rabbi Akiva se répéta que tout ce qui nous vient du ciel est du bien, il exprima une confiance absolue que cet événement était en lui-même du bien, et en réponse à cette confiance, Dieu fit d’une manifestation, d’apparence mauvaise, du bien.

Nous ne comprenons l’essence profonde d’une difficulté que lorsque nous entrevoyons sa finalité.

Un médecin qui coupe une jambe gangrenée accomplit un geste de grande bonté, car il permet au patient de continuer à vivre. Rabbi Akiva s’est vu rejeté par les habitants, il s’agissait d’un mal apparent qui dans la finalité s’avéra être un acte de grande bonté. C’est sa confiance qui donna sa « polarité » à l’événement. Cette étape s’inscrivit dans une grande bonté de Dieu. Cela revient à dire que pour toute chose mauvaise qui nous arrive, il existe deux chemins pour la suite des événements. Celui de la confiance inscrit l’épreuve comme un épisode obligatoire au bien, celui du doute, de la peur laisse le mal en tant que mal.
Nous devons voir tout ce qui arrive comme étant une étape indispensable à un grand bien, même si l’apparence est mauvaise.

 

 

 

[i] BEN ISH ‘HAI : 5594/1834 – 5669/1909 Son vrai nom était Rabbi Yossef ‘Haïm, il fut le Rav de Bagdad. Il fut également  le guide spirituel de toutes les communautés orientales, de l’Irak jusqu’en Afrique du Nord. Il était reconnu même chez les dirigeants des communautés d’Europe de l’Est. Il écrivit une soixantaine d’ouvrages sur la morale, les lois, le Talmud et la Kabalah. Sa grande érudition se remarqua dès son plus jeune âge. On raconte l’anecdote  suivante : âgé de quatorze ans, il trouva un jour sur le bureau de son père, une lettre venue de Jérusalem portant sur un problème Hala’hique concernant les Etroguim. Son père était occupé à chercher les sources qui lui permettraient de répondre à ce problème. L’enfant avait à peine parcourue la question qu’il saisit une feuille et rédigea une réponse détaillée qu’il envoya aussitôt. Sa réponse arriva deux jours avant celle de son père. Quelle ne fut l’étonnement de ce dernier lorsqu’il reçut la réponse suivante du Rav de Jérusalem :  « Votre fils vous a devancé et nous a enseigné la solution de ce difficile problème, votre fils bien-aimé qui ne vous procurera, ainsi qu’à sa mère, que joie et allégresse. »

Ses allocutions attiraient toujours des milliers d’auditeurs. Chaque samedi après-midi, il commentait la Sidrah du jour pendant trois heures d’affilée. Il était également connu pour sa grande Sainteté. Il jeûna tous les jours de la semaine six années consécutive. Sa maison était toujours grande ouverte, et il accueillait tout le monde avec beaucoup de chaleur.

 

 

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